Le meilleur de Saint-Saëns (paraît-il)

L'année dernière on commémorait le centenaire de la disparition du compositeur français Camille Saint-Saëns (1835-1921). Quand on découvre la musique classique, laborieusement, petit à petit, ce n'est pas un nom que l'on croise tout de suite, Saint-Saëns... Je veux dire par là qu'aux yeux du grand public, il ne joue pas dans la même catégorie que Beethoven, Mozart, Bach, Tchaikovsky, Chopin,... Il faut un peu creuser avant de tomber sur lui. Et pourtant, moi, je connaissais ce nom depuis un bon moment déjà, mais pour expliquer comment, je dois passer à nouveau par un peu d'archéologie familiale.

Mon père donc écoutait beaucoup de musique classique. Sa collection de disques était modeste pourtant, mais s'il y a un endroit où il passait beaucoup de temps et écoutait beaucoup de musique, c'était sa voiture, bien plus que son salon. Dès lors, avec le temps, il a accumulé un grand nombre de cassettes destinées à alimenter son autoradio. Beaucoup de cassettes en fait... Attendez, je vous montre...

Et parmi tout ceci, il y avait cette cassette intitulé «Best of Saint-Saëns» publié chez EMI/La voix de son maître/Pathe Marconi. Je ne sais plus exactement quand cette bande est entrée en sa possession, mais je me souviens un peu quand il a décidé de me la faire écouter, ce qui pourrait vouloir dire qu'il ne l'avait donc pas avant. Ne cherchez pas trop à comprendre, je pense à voix haute... A y regarder de plus près, c'est un objet qui a l'air d'avoir un certain âge, bien qu'il semble ne dater que de 1983. En tout cas il a extérieurement assez mal vieilli. Je me demande si cette cassette n'a pas été acquise de seconde main, le temps passé dans la poussière d'une solderie a pu contribuer à cet aspect usé. La pochette fait figurer un dessin avec des animaux anthropomorphisés alignés comme dans une chorale. C'est un extrait d'un certain Les métamorphoses du jour de Grandville.

Vous ne connaissez pas Grandville ? Au départ, moi non plus, mais j'ai appris que c'était un illustrateur et caricaturiste du début du XIXème siècle qui manifestait une prédilection pour les personnages zoomorphes. Voilà qui tombe bien pour illustrer le morceau Le carnaval des animaux, je suppose...

Le reste de l'insert est assez succinct : mentions rapides des titres, des orchestres et des musiciens des dates de publication originales (qui s'échelonnent de 1960 à 1983), courte présentation du compositeur par un certain Maurice Tassart dans un texte à la mise en page très serrée. On a exploité au mieux le papier disponible. La cassette elle-même est – je crois – grise. Fût-elle blanche un jour ? Elle porte aussi une étiquette rouge sur chaque face. Au total, il y en a pour 57 minutes de musique environ, en stéréo et en dolby, et sur une bande magnétique de type I (je crois). Disons-le d'emblée, la bande a beaucoup vieilli. Ça grince un peu parfois, il y a du souffle, des stridences... On doit faire un petit effort d'immersion pour se concentrer sur la musique enregistrée. Ce n'est pas une cassette que je reprendrai souvent...

Et ce d'autant moins que tout récemment, j'ai trouvé dans une solderie un CD avec un air très familier. Il a été publié en 2002, mais c'est le même label, EMI, le même titre, « Best of Saint-Saëns » qui sent un peu la « collection petit budget », et l'illustration de la pochette est pareillement tirée d'un dessin de Grandville. Le boitier jewel case à fond transparent renferme un très court livret qui nous révèle un contenu très proche de celui de notre cassette : quasiment les même morceaux (il y a deux plages supplémentaires), mais la plupart du temps par d'autres interprètes. Enfin, le bref texte de commentaire est cette fois signé Michel Roubinet. En résumé, le CD m'a tout l'air d'être une sorte de mise à jour de la cassette. Ma foi pourquoi pas ? Sans être particulièrement renversant, le son est bien meilleur, plus propre ; c'est une amélioration bienvenue.

Camille Saint-Saëns m'a l'air d'avoir été un drôle de bonhomme. Une longue carrière de compositeur plutôt académique, voire sans doute conservateur, par ailleurs un mélomane à l'esprit ouvert pourtant, un pianiste virtuose (et ce dès l'âge le plus tendre), un goût pour les voyages exotiques et pour l'anonymat, une vie affective et familiale étrange et tragique... J'ai du mal à le cerner... Il a écrit des tas de choses, des symphonies, des concertos, de la musique de chambre, des opéras, de la musique religieuse, des chansons (du moins des notes mises sur les mots des autres) et même une des premières musiques de film de l'histoire (L'assassinat du duc de Guise en 1908). Les textes des livrets cités plus haut soulignent tous deux le contraste entre son imposante production et le peu qui en est resté dans la culture populaire, c'est-à-dire essentiellement Le carnaval des animaux, fantaisie orchestrale d'une drôle d'espèce qui est souvent la seule chose que l'on relie à lui.

Réaliser une compilation des meilleurs chansons d'un artiste pop, c'est relativement facile ; chaque éléments à sélectionner ne durant que quelques trois ou quatre minutes, on peut vite remplir le disque avec un échantillonnage satisfaisant. Mais pour un auteur classique, comment constituer pareille anthologie quand une seule pièce peut facilement occuper tout l'espace dont vous disposez ? On est souvent obliger de couper, de démantibuler les œuvres et de n'en proposer que des extraits (un mouvement isolé d'une symphonie par exemple). Ici, à part dans un cas, on a choisit d'éviter de recourir à ce charcutage, en se concentrant sur des morceaux qui se suffisent à eux-même. C'est moins frustrant à défaut d'être représentatif.

Pour ma part, je me souviens que lors de ma toute première écoute, j'avais été assez désappointé par ce que j'entendais. Initié avec du Beethoven, je ne retrouvais pas ici la structure classique à laquelle j'étais habitué. Il y avait des mélodies accrocheuses certes, mais aussi une liberté peu rassurante peut-être. Ça partait quelque part et ça semblait ne pas en revenir... Aujourd'hui, alors que j'aborde cette musique avec une oreille bien plus avertie et curieuse, je lui trouve d'emblée mille qualités indéniables.

Le carnaval des animaux (1886).

C'est une sorte de poème symphonique (j'ai trouvé aussi le qualificatif de «suite pour ensemble instrumental»). L'exécution prend un peu plus de vingt minutes. Sur la cassette de 1983, il est interprétée par le City of Birmingham Orchestra sous la direction de Louis Frémaux, avec John Ogdon et Brenda Lucas au piano. Il va de soi que ces noms ne me disent absolument rien, alors j'ai du faire quelques recherches. J'ai ainsi appris que Louis Frémaux était un chef d'orchestre français né l'année de la mort de Saint-Saëns (pour ceux qui aime les coïncidences) ; il a disparu lui-même en 2017. John Ogdon et Brenda Lucas sont deux pianistes anglais, mari et femme d'ailleurs. Lui est décédé un peu prématurément en 1989, mais elle vit toujours et enseigne le piano à Cambridge. Louis Frémaux, physiquement il me fait un peu penser à un mélange d'Antonin Artaud et de Francis Huster. John Ogdon a un petit air de ressemblance avec l'acteur Nick Frost, je trouve. Bon, tout ça ne nous avance pas beaucoup... Quoi qu'il en soit, l'enregistrement présenté ici a été publié originellement en 1972, mais sauf erreur de ma part enregistré en 1969. Vu la qualité de la bande, il est difficile de se faire une idée exacte de la qualité de la prise de son.

Sur le CD de 2002, c'est une autre interprétation qui a été retenue : l'Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire dirigé par Georges Prêtre, un autre chef d'orchestre français disparu en 2017 (décidément). Les deux pianistes sont cette fois l'italien Aldo Ciccolini et le Bulgare Alexis Weissenberg. A nouveau des noms à peu près inconnus pour moi, mais en me documentant sur ces deux musiciens (qui par ailleurs ne sont actuellement plus des nôtres, l'un depuis 2015, l'autre depuis 2012) j'ai trouvé amusant de lire qu'ils ont été tous deux naturalisés français. Sur photos, Georges Prêtre me rappelle un peu l'acteur Jean Piat, tandis que sur ces vieux jours, Weissenberg avait un petit côté Frank Langella. Enfin, ce n'est pas indiqué directement dans le livret du CD, mais d'après mes recherches il s'agirait d'un enregistrement de 1965 (ou 1966), publié en 1967. Donc, si j'ai bien compris, le compilateur plus récent a décidé de sélectionner un enregistrement plus ancien. Cela me semble a priori contre-intuitif, mais qui suis-je pour juger ?

On notera que ça fait beaucoup de morts, mais je suppose que c'est prévisible avec ces vieux enregistrements, précisément du type de ceux qui, rentabilisés mille fois, forment le fonds des catalogues des différents labels et constituent des choix évidents pour assembler une anthologie à petit prix telle que celle qui nous occupe. De vieux enregistrements donc, mais pas forcément obsolètes.

Comment ça sonne, Le carnaval des animaux ? Et bien, ça sonne un peu comme du Walt Disney. Parce que les titres des différentes sections composant l'oeuvre donnent directement le noms des bestioles, on comprend très vite que la musique doit évoquer certains animaux. Et bien souvent, ça marche, c'est à la fois musical et imagé. La marche du lion est pétrie de solennité, la tortue est étrangement mélancolique, l'éléphant est aussi pesant que prévu, la volière sonne comme un lieu aux milles bruissements de plumes, le cygne est plein de grâce.

D'autres passages sont moins clairs. Les piaffements des poules et coq ne me convainquent guère. J'ignore pourquoi l'hémione est figuré par ces martellements rapides au piano. Le kangourou est... facétieux ? Je crois ? Les lapins sont trop abstraits...

Cela ne veut pas dire que les passages moins évocateurs des animaux cités soient mauvais. Celui intitulé « Aquarium » ne m'apparaît guère aquatique, mais il n'en est pas moins mélodieux et envoûtant. Il est amusant de le retrouver dans l'introduction du long métrage d'animation La Belle et la Bête (celui des studios Disney en 1991) où l'on est en effet loin des poissons rouges.

Avec les sections « Pianistes » et « fossiles », c'est la musique qui est à l'honneur : gammes au clavier et vieilles comptines (« J'ai du bon tabac... » ce genre de chose), mais on s'éloigne du règne animal.

Enfin, le final est un joyeux point d'orgue. Les plus cinéphiles se souviendront qu'il a été utilisé dans le long métrage d'animation Fantasia 2000 (encore des studios Disney en 1999) pour mettre en scène des flamands roses.

Le carnaval des animaux est globalement une oeuvre très amusantes et très variée, avec quelques magnifiques mélodies. On la rangerait volontiers à côté des quatre saisons de Vivaldi pour sa puissance de suggestion. C'est aussi une oeuvre où le piano est un des éléments les plus importants, d'où la mention des noms des solistes en bonne place dans le livret du disque.

Entre les deux versions écoutée ici, je suis indécis. Le son de la cassette est devenu bien peu flatteur, mais le jeu des pianistes ne manquent pas de vivacité. Sur le CD, c'est certes plus confortable, mais aussi un peu plus lisse. En dehors de cela, les deux interprétation sont assez proches l'une de l'autre ; il n'y a pas ici de confrontation entre deux « visions » différentes de l'oeuvre, entre l'orchestre anglais et l'orchestre français, entre Frémaux et Prêtre. ; tout ça m'apparaît en tout cas plutôt consensuel.

Introduction et Rondo Capriccioso (opus 28 - 1863)

Ici, c'est plutôt une oeuvre de jeunesse de Camille Saint-Saëns (il a moins de trente ans). Le titre m'a longtemps laissé perplexe (c'est quoi un rondo?), mais aujourd'hui mon âme est en paix (comprendre : je me moque de ce qu'est un rondo). C'est un titre plutôt court (un peu plus de huit minutes) où cette fois le violon domine – ce n'est pas pour rien qu'il a été écrit pour et dédié à Pablo de Sarasate, un virtuose de l'époque.

Cassette et CD font figurer la même version : Nathan Milstein est au violon solo tandis que Walter Susskind dirige le Concert Arts Orchestra. Soupir... Encore des tas de nouveaux noms... Nathan Milstein (1904-1992), musicien russo-américain, est apparemment un des plus grands violonistes du XXème siècle. Bien, nous sommes en bonne compagnie. Walter Suskind (1915-1980) est un chef d'orchestre tchéco-britannique, fort actif en Australie, au Canada et aux Etats Unis d'Amérique. Et ça tombe bien parce que le Concert Arts Orchestra est un orchestre américain, surtout actif dans les années 50 et 60. Enfin, c'est un enregistrement datant de 1960.

C'est très beau, Introduction et Rondo Capriccioso. Ça commence comme un long sanglot très lent, puis après environ deux minutes, ça commence à prendre forme à mesure que les autres musiciens viennent épauler le soliste. Il y a du rythme, de l'intensité, une couleur très espagnole. Quand l'orchestre reprend le thème principal, ça devient très fort. C'est bien sûr un morceau qui nécessite une affinité pour le son du violon de la part de l'auditeur. Je dis ça parce qu'au début, c'est une sonorité qu'il m'a fallu apprivoiser avec le temps ; pour le dire de façon plus directe, c'est un crin-crin moins immédiatement plaisant que le son du piano. Le son offert par la version sur cassette est ici aussi plus rêche, et bizarrement, j'ai l'impression d'entendre Milstein respirer. A moins que ce ne soit le souffle de la bande... Sur le CD, ça a l'air d'avoir été un peu nettoyé, mais en écoutant les deux versions l'une après l'autre, on dirait que ça sonne très légèrement plus lointain que sur la cassette.

Danse macabre (opus 40 - 1874)

Encore un morceau propulsé par le violon, mais plus seulement ; il y a du xylophone aussi, ce qui était un peu une nouveauté, semble-t-il. C'est inspiré d'un poème d'un certain Henri Cazalis, un copain de Mallarmé. Le titre du morceau est plutôt clair : il s'agit d'évoquer une sorte de sabbat, une ronde satanique avec des squelettes qui dansent pendant un peu moins de sept minutes.

Sur la cassette, on entend l'Orchestre de Paris sous la direction de Jean-Pierre Jaquillat, avec Luben Yordanoff au violon. Et ça date de 1969. Sur le CD, même orchestre, même violoniste, mais autre chef d'orchestre ! Cette fois, c'est Pierre Derveaux qui s'y colle (en 1972, semble-t-il). Jean-Pierre Jaquillat (1935-1986) et Pierre Dervaux (1917-1992) sont français et semblent avoir occuper une large part de leurs parcours dans des formations françaises à promouvoir des compositeurs français. Luben Yordanoff (1926-2011) est un violoniste bulgaro-monégasque. Il a participé à l'édition de 1955 du concours Reine Elisabeth de Belgique (où il est arrivé 9ème). A part ça, je ne sais rien de ces braves gens, mais ça ne nous empêche pas de les écouter.

Danse macabre rejoint les meilleurs passages du Carnaval des animaux pour son génie mélodique et son pouvoir d'évocation. Le titre ne ment pas : c'est rythmé et dansant. Et c'est aussi joyeusement macabre ; il est difficile de ne pas imaginer les os s'entrechoquer au son du xylophone tandis que les violons déroulent une furieuse plainte décadente. C'est diaboliquement plaisant à écouter, c'est assez court et direct. J'entends peu de différence entre les deux versions, au delà du niveau de netteté technique du son. Tous ces musiciens ont l'air très proprement compétents.

Havanaise (opus 83 - 1887)

Il s'agit d'un morceau un peu plus reposé que les autres (malgré une petite pointe de vitesse au milieu), mais toujours consacré principalement au violon. L'oeuvre a été écrite pour le violoniste cubain Rafael Díaz Albertini (d'où le titre, je suppose) et est rythmiquement basé sur une « habanera », une danse espagnole. Voilà ce que l'on peu apprendre après quelques secondes de recherche rapide sur internet, mais ne me demandez pas comment ça se danse. Le morceau dure une dizaine de minute.

Sur notre première compilation, on a l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo (tiens, tiens,...) dirigé par le japonais Hikotaro Yazaki. Celui-ci, né en 1947, est toujours vivant. Je note que pendant sa formation il a travaillé avec le Pierre Dervaux que nous venons de croiser ; le monde est un village. Le soliste n'est pas Luben Yordanoff (pourtant, il habitait tout près), mais Augustin Dumay, né en 1949 et également toujours de ce monde. Avec ses longs cheveux, je lui trouve un air d'André Rieu, mais ça doit être à cause du violon. Il partage son temps entre son instrument et la direction d'orchestre. Il est intéressant de noter que nous avons ici notre enregistrement le plus récent : 1982. Ceci explique un peu cette affolante concentration de gens vivants.

Sur la seconde compilation, on remonte le temps jusqu'en 1959 pour écouter le Philharmonia, un prestigieux orchestre londonien, sous la conduite d'Eugene Goossens (1893-1962). Comme son nom ne l'indique pas, c'est un chef anglais (son patronyme flamand lui vient de son grand-père, né à Bruges), et bien sûr, il est mort, mais surtout il semble avoir eu un faible à la fin de sa vie pour l'érotisme et l'occultisme néo-païen. Quant au soliste, il n'est pas n'importe qui : Yehudi Menuhin (1916-1999). Bien sûr, il est mort aussi, mais même moi, j'avais déjà entendu parler de lui avant de me pencher sur sa biographie. Il est du même calibre que le Nathan Milstein croisé un peu plus haut, une des grandes références du violon au XXème siècle. Vous vous souvenez du Concours Reine Elisabeth de 1955 où Luben Yordanoff est arrivé 9ème ? Et bien, Yehudi Menuhin était dans le jury.

Le morceau est moins exaltant que les deux précédents, il sonne comme une longue lamentation, mais c'est tout de même plutôt joli. L'inspiration hispanique est palpable et par moment, on a envie de fredonner des airs de Carmen. Le violon, manifestement mis à l'honneur, occupe un large espace face à l'orchestre. Cela dit, entre Dumay et Menuhin, difficile de percevoir une grosse différence, le son très rêche de la cassette à cet endroit ne facilitant pas la comparaison. A vue de nez (ou plutôt à portée d'oreille), les talents de pars et d'autre ont l'air suffisants pour régler son sort à cette partition.

Bacchanale (1877)

Samson et Dalila est le titre du plus connu des opéras composés par Saint-Saëns, ce qui ne veut peut-être pas dire grand chose, tous les autres étant un peu tombé dans l'oubli. C'est de cet opéra qu'est extrait le morceau qui nous occupe. Il dure moins de sept minutes.

Pour cette prestation, on retrouve dans tous les cas le chef d'orchestre George Prêtre, mais cette fois à la tête d'une autre formation : l'orchestre national de l'opéra (de Paris) en 1963.

C'est un morceau à la fois lascif et enjoué. Toute la sensualité, voire la débauche, caricaturalement associée à l'Orient, est joliment exprimée dans la mélodie. Le final est particulièrement furieux et entraînant. Pas grande chose à dire de l'interprétation ; elle me semble encore une fois compétente et aussi dynamique que demandé. Bien sûr le CD sonne tout de même mieux que la cassette.


Le programme de la compilation de 1983 s'arrêtait ici, mais on a semble-t-il disposé d'un peu plus d'espace disponible sur le CD de 2002, ce qui a permit d'y faire figurer les deux morceaux suivants. Tous les deux font intervenir Pierre Dervaux et l'Orchestre de Paris (comme pour Danse macabre), de manière ma foi encore très satisfaisante, et tous les deux tournent autour d'une dizaine de minutes.

Phaéton (opus 39 - 1875)

Basé sur la légende du fils du dieu soleil (une sombre histoire qui signifie en résumé qu'il ne faut pas prendre la bagnole de son paternel avant d'avoir le permis de conduire), c'est un très étrange morceau de musique. De grands coups de trompettes triomphants sont répétés de loin en loin tandis que le reste de l'orchestre pousse un motif hypnotique parfois atténué, parfois inquiétant, mais toujours obstiné. En tout cas, ça finit par être plutôt fascinant à suivre, malgré un petit coup de mou dans le troisième quart.

Le rouet d'Omphale (opus 31 - 1869)

On reste dans la mythologie grecque avec un épisode de la légende d'Héraclès, condamné à servir de servante à Omphale. Je dis bien « servante », oui, Héraclès étant habillé en femme pour accomplir cette tâche. Je me demande vraiment ce qui a pu intéresser Camille Saint-Saëns dans ce motif, voilà voilà, quelle drôle d'idée...

Après une introduction légère et virevoltante comme un plumeau, on a droit à une musique qui fait beaucoup penser à un balais ballet. J'imagine en tout cas très bien des petits rats faire des pointes et sautiller partout. C'est bucolique. A un tiers du parcours, le morceau gagne un peu en intensité, en gravitas, mais ça ne décolle jamais vraiment et à la fin, on revient à une jolie mélodie toute calme propice aux entrechats. Rien de bien méchant.

Bien, bien... Mon petit texte est devenu plus long que je ne l'aurais imaginé, mais pour résumer, après une première expérience un peu mitigée il y a bien longtemps, j'ai fini par trouver chez Saint-Saëns une belle richesse créative et mélodique. De quoi donner envie d'y retourner et d'explorer un peu le reste de son œuvre. Il paraît qu'il a écrit une symphonie avec un orgue, ça doit valoir le déplacement.

C'est tout pour aujourd'hui. Portez-vous bien et écoutez de la musique.


Pour les curieux, référence discogs :

https://www.discogs.com/fr/release/21470914-Saint-Sa%C3%ABns-Best-of-Saint-Sa%C3%ABns

(c'est la référence de la version vinyle ; je n'ai pas trouvé ma version cassette sur le site)

https://www.discogs.com/fr/release/12528672-Various-Best-Of-Saint-Sa%C3%ABns

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