Nom d'une biscotte, Ben Harper sort un nouvel album !? Moins d'un an après le précédent (discuté dans ces pages, allez vite lire ça), il m'est difficile de ne pas me demander si on n'a pas affaire ici à un double album qui ne voudrait pas dire son nom... Et même... Les durées des deux disques totalisent 70 minutes ; tout aurait pu tenir sur un seul CD. Mais voilà, pour tout un tas de raisons, la dernière n'étant probablement pas que l'on a sans doute ici deux projets en fait bien distincts l'un de l'autre, Wide Open Light est donc sorti le 2 juin, presque dix mois et quelques jours après Bloodline Maintenance.
L'objet reprend la même présentation que le précédent (je pourrais presque faire un copier/coller) : simple fourreau carton en deux volets, le disque étant coincé dans celui de droite, aucun livret, texte des paroles et informations technico-légales directement imprimées sur les surfaces disponibles du carton. Seule différence : la finition est ici brillante alors qu'elle était mat là-bas. La photo de la pochette, reprise sur la décoration du CD, nous montre la façade d'une maison ou d'un petit immeuble au crépuscule, avec une silhouette qui se découpe devant une fenêtre éclairée. A l'arrière, on a droit à un gros plan en noir et blanc du visage de Ben Harper. C'est publié encore une fois chez Chrysalis, ça fait onze plages et ça dure trente-sept minutes.
Le mot d'ordre esthétique du disque, c'est clairement « acoustique ». La guitare folk est omniprésente, l'ambiance est recueillie, décontractée, introspective, bien différente du plus électrique Bloodline Maintenance. L'album s'ouvre et se clôt par des instrumentaux, certes peu renversants, mais ils donnent le ton (et le premier est plutôt joli). Il reste ensuite neuf chansons pour tenter de convaincre, et, ma foi, le pari est réussi. Ce n'est pas à Ben Harper qu'il faut encore apprendre à faire résonner le bois de ses instruments, faire chanter doucement le métal de ses cordes, ou prendre la voix chaude et profonde (quoi que, parfois un petit falsetto vient s'inviter) qui sied à ce disque. C'est bien sûr très folk (Giving Ghosts, Yard Sale), mais il y a parfois une petite goutte de gospel qui vient pimenter l'expérience (One More Change). Les arrangements sont globalement très dépouillés, ce qui fait que chaque son supplémentaire (basse, piano, voix...) est tel une petite et remarquable touche de couleur ajoutée à une épure. L'ensemble sonne très simple, aéré, équilibré, sans intervention ou lourdeur inutile. Les tempos sont plutôt posés, mais ils ne suscitent aucunement l'ennui. C'est un disque plutôt homogène, mais loin d'être monotone. Il y a en effet des différences d'ambiance et des variations de tensions dans ces plages ; certaines sont profondément relax, d'autres ne sont calmes qu'en apparence. La chanson 8 Minutes ou la chanson titre Wide Open Light, qui figurent parmi mes préférées de l'album d'ailleurs, témoignent d'une fascinante et sourde inquiétude, tandis que sur Trying Not To Fall In Love With You Ben Harper tambourine sur son piano comme un poète désarticulé, au diapason du désarroi du narrateur.
Comme souvent, Ben Harper s'occupe lui-même de beaucoup d'instruments et d'une grande partie de la production. Parmi les noms des autres intervenants, le premier qui attire l'attention, c'est sans doute celui de Jack Johnson, qui partage les voix sur le titre Yard Sale (il y joue aussi un peu de guitare), mais il y a également la chanteuse Shelby Lynne qui intervient sur 8 Minutes ou, plus exotique, Piers Faccini qui vient jouer du oud sur Wide Open Light. A la co-production, on trouve deux collaborateurs fréquents de Ben Harper depuis Both Sides of the Gun (2008) : le guitariste Jason Mozersky et l'ingénieur du son Danny Kalb. Quoi qu'il en soit, d'un point de vue purement technique, tout le monde a bien travaillé. Le son est absolument impeccable ; tout est d'une parfaite clarté. Vraiment aucun problème de ce côté-là.
En conclusion, c'est à nouveau un album relativement bref, mais chaleureux, inspiré, infiniment agréable. Ben Harper, même en mode mineur, ne profite pas du minimalisme du projet pour galvauder son art. Complément idéal, car très contrasté, de la parution précédente (je crois même que je le lui préfère, de peu), son ambiance intimiste le rend aussi parfait pour enjoliver les soirées d'été. Une belle réussite.
C'est tout pour aujourd'hui. Portez-vous bien et écoutez de la musique.
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