Pearl Jam, primordial et acoustique


2020 aura finalement été une année un peu active pour Pearl Jam, discographiquement parlant. Un nouvel album de nouvelles chansons sorti en mars (Gigaton, que j'ai rapidement évoqué dans mon bilan 2020), et puis cette sortie-ci en octobre, le live MTV Unplugged. Pour être honnête, ce contenu avait déjà été publié une première fois en DVD en bonus de la réédition de l'album Ten en mars 2009, puis encore en vinyle en novembre 2019 à l'occasion du « Record Store Day ». Toutefois, il apparaît ici pour la première fois commodément en CD et donc, hé, c'est cool pour les gens qui comme moi qui achètent encore des CDs, je suppose.

Le disque est rangé dans un très simple fourreau en carton plié en deux. C'est un type d'emballage un peu triste qui tend à se répandre de plus en plus pour des éditions CD « de base ». Bon, on va dire qu'avec moins de plastique, on y gagne écologiquement... On n'a clairement pas fait beaucoup d'effort ici, surtout si on compare au livre/étui de Gigaton sorti plus tôt dans l'année, mais l'ambition n'est clairement pas la même. La pochette reprend des photos noir et blanc en mode sépia du groupe sur scène. Le CD est décoré d'un agrandissement un peu flou d'une guitare. Les informations technico-légales sont écrites à l'intérieur sous la forme d'un griffonnage à peine lisible. Je remarque la présence du logo Sony/Legacy, logique vu l'époque de ces enregistrements, que ce soit l'ancien label du groupe qui publie ce disque (Pearl Jam enregistre sous son propre label – distribué par Universal – depuis quelques années à présent). Bref, en termes de packaging il n'y a pas de quoi se relever la nuit ; c'est du vite conçu, vite fabriqué.

Alors de quoi s'agit-il exactement ? Rien moins que l'enregistrement audio du passage de Pearl Jam dans la très populaire (à l'époque, vous rappelez-vous ?) émission de télévision « MTV Unplugged », dont le concept principal était de permettre aux artistes de jouer « débranché », c'est-à-dire principalement dans une configuration acoustique et devant un public réduit, mettant ainsi en valeur l'intimité des prestations. Dans la chronologie de Pearl Jam, en mars 1992, on se situe environ sept mois après la publication de leur premier album (Ten), et quelques mois avant leur participation à la musique du film de Cameron Crowe Singles (une musique de film qui contribuera d'ailleurs à mettre la scène de Seattle et le « grunge » à l'avant-plan), puis ce sera le festival d'été Lollapalooza avec Soundgarden et Red Hot Chili Peppers,... Bref, c'est l'époque ou Pearl Jam démarre, mais démarre fort, et part avec appétit à la conquête du monde.


Le nombre de chansons est assez réduit (sept titres, pour une durée de 35 minutes) et on reste un peu sur sa faim. Avec un seul album à leur actif à ce moment, la plupart des morceaux choisis sont logiquement des extraits de Ten, auxquels il faut ajouter State of Love and Trust qui figurera un peu plus tard dans le film Singles déjà cité. A ce moment aussi, le batteur du groupe, celui qui officiait pendant l'enregistrement de Ten, Dave Krusen, a déjà été remplacé par Dave Abbruzzese. Je souligne ce point pour le clin d'oeil. En effet, si Pearl Jam est un groupe avec un personnel finalement très stable, ils vont quand même changer quatre fois de batteur dans la première décade de leur carrière.

Malgré la brièveté de la setlist, la musique elle-même est particulièrement réjouissante. Le groupe n'a pas profité de l'habillage acoustique pour retenir ses coups et proposer des versions plus laidback de leurs morceaux. Les musiciens balancent leurs chansons avec le même punch que lors de leurs prestations habituellement électrisées, et les chansons survivent parfaitement bien au traitement. Les guitares sonnent plus finement, semblent plus légères forcément, mais c'est largement compensé par la fougue déployée sur scène. Avec le temps, presque la totalité des titres de l'album Ten sont devenus des classiques du répertoire de Pearl Jam en concert. En 2021, c'est donc avec un sentiment de familiarité que l'on retrouve ici Alive ou Black ou Even Flow ou encore Jeremy, malgré la relative nouveauté du dépouillement de l'orchestration. Pour le coup, la plus-value « unplugged » est donc un peu limitée, mais j'imagine qu'il y a 29 ans, ce devait être une autre histoire. Le groupe fait preuve quant à lui d'une grande aisance ; ce n'est plus un groupe de débutants déjà à cette époque, mais de solides musiciens aguerris par les tournées, la machine efficace que deviendra bien vite Pearl Jam sur scène.


Enfin le son est de très bonne qualité. Les différents instruments sont clairement définis et répartis dans le champs stéréo. Peut-être seulement, si l'on veut absolument couper les cheveux en quatre, la voix d'Eddie Vedder semble-t-elle très légèrement à distance, comme si le son de son micro n'aboutissait pas exactement entre nos deux oreilles.

Quoi qu'il en soit, ce CD est un apport certes minime, mais excessivement apprécié de leur fabuleuse discographie. Ces enregistrements étaient déjà connus, et sans doute circulaient-ils aussi depuis longtemps via des circuits à la légalité douteuse, mais voilà qu'aujourd'hui on peut se les procurer légalement sous une forme plus pratique ; alors je ne me suis pas privé. Toute occasion de parler de ce groupe génial est de toute manière bonne à prendre.

C'est tout pour aujourd'hui. Portez-vous bien et écoutez de la musique.


Pour les plus curieux, l'album Gigaton, j'en parle ici :

https://jecoutedestrucs.blogspot.com/2020/12/bilan-2020.html

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